vendredi 30 juillet 2010

Joëlle. Sylvie. Claudine. Christiane. Martine.
...
Saleté de crabe. Tous les ans tu en emportes une. Ou plusieurs. Sans pitié.
Des amies, des compagnes. Des épouses, des mamans. Trop jeunes.
Des tendres, des gentilles. Qui n'ont rien vu venir, rien pu empêcher.
Des amis, des familles restent là, hébétés.
Il faut accepter l'inacceptable. Supporter l'insupportable.
Continuer à avancer, vaille que vaille.
Se dire que malgré tout, la vie vaut la peine, tellement.
Et qu'on est heureux de vous avoir connues.
Soyez en paix là où vous êtes.
Nous ne vous oublions pas.


(Photos : Jardin de l'abbé, Lunéville, été 2010 :
sculptures éphémères, "l'orgue de bois", de Denis Tricot.)

samedi 24 juillet 2010

La magie Malicorne

« Gabriel Yacoub invite Malicorne », aux Francofolies de La Rochelle : on ne savait pas bien à quoi s'attendre, pas un concert de Malicorne mais un hommage à la musique du groupe, avait dit Gabriel, avec des invités. Tout de même, le groupe allait être réuni : Malicorne ensemble pour un soir, pour un concert : un rêve ! Depuis 30 ans, depuis mes premiers frissons en les écoutant (jeune ado, je n'allais pas aux concerts, et le groupe s'est séparé quand j'avais quinze ans), je pensais ne jamais voir ça ! Alors, on y va oui, par chance on peut, et traverser la France n'est pas trop loin : 800 km en 30 ans, ça ne fait pas beaucoup en fin de compte...

Ambiance de fête, foule, musique et lumière à La Rochelle. Le théâtre de la Coursive est superbe. Joyeuses retrouvailles de quelques amis... Salle comble ce soir.
Gérard Pont, directeur des Francofolies, présente la soirée : il en rêvait depuis longtemps, il est heureux d'avoir pu réunir le groupe Malicorne pour un concert exceptionnel, et d'avoir fait venir pour la première partie de soirée, Michel Rivard, du Québec.

Je ne connaissais pas Michel Rivard (honte à moi). Mais je crois qu'on n'aurait pas pu trouver mieux pour débuter la soirée. Un parcours ressemblant à celui de Gabriel, du groupe Beau Dommage à une carrière en solo, une belle voix, des chansons superbes, il est en trio et très bien entouré, j'aime beaucoup : d'ailleurs l'accueil du public est enthousiaste, il est acclamé ! Mention spéciale à la chanson « 16 ans déjà », dédiée à ses filles.
Et puis, bien sûr qu'on le connaît ! Quand il se met à chanter La Complainte du phoque en Alaska, la salle reprend le refrain en choeur, tout en douceur et joie au coeur.
Autre beau moment d'émotion, quand Michel Rivard interprète « Ô ma délire... » en appelant à ses côtés Gabriel et Marie pour l'accompagner, faisant ainsi un lien avec la suite.

La suite, c'est un voyage dans le temps à rebours, pas à pas, d'abord avec Gabriel et le Trio : d'emblée, la vielle de Gilles Chabenat nous plonge dans l'ambiance avec Carmin, c'est toujours envoûtant cette mélodie, et c'est comme pour nous prévenir que la soirée sera chanson, mais pas seulement, éminemment musique aussi. « Rêves à demi » révèle le Trio, Gabriel et Yannick Hardouin font leur entrée avec une oeuvre symbolique, qui avec son insertion de couplets des « Marches du Palais » rappelle combien le répertoire actuel de Gabriel peut être relié aux chansons traditionnelles. Puis « Pluie d'elle » et son texte plein de jeu et de finesse, puis « les Choses les plus simples », la chanson emblématique de Gabriel, sobrement accompagnée par Le Quatuor. Pour finir, « Je resterai ici », interprétée avec Marie : une chanson de l'époque intermédiaire entre Malicorne et Gabriel en solo, pour achever de remonter le temps. Gabriel sourit en l'annonçant, dit qu'il nous trompe avec cette chanson, car il va partir : et il quitte la scène dès qu'elle est finie !

Mais ce que tous attendent ce soir, c'est Karl Zéro qui l'introduit : entre autres choses très bien dont je ne me souviens plus, il dit qu'il est fan de Malicorne, et qu'il est ravi d'être là, car par la magie des Francofolies, le groupe est reconstitué pour un soir !

En décor de fond, sur écran, le logo de Malicorne apparaît, et les voici tous, Marie, Gabriel, Laurent, Hugues et Olivier, entonnant « Nous sommes chanteurs de sornettes ». Et là un truc se passe, comme tous ceux présents je crois, j'ai un choc : eux, le son, les voix, les instruments, tout y est, c'est absolument magique : nous sommes à un concert de Malicorne ! Et les percus, là, baboum, baboum, c'est quelques mille coeurs battant à l'unisson...

Puisqu'on retourne aux sources, on va remonter aux origines, en prendre plein les oreilles et le coeur, carrément, car suit « Pierre de Grenoble », la chanson par laquelle tout a commencé, avant même que ce groupe s'appelle Malicorne...
En les revoyant réunis, l'aura de chacun et du groupe est intacte, on se dit que les années n'ont pas eu de prise sur leur complicité, leur aisance à jouer ce répertoire, on a gommé le temps pour une soirée...

Mais on ne va pas s'enkyster dans le passé ! Des jeunes artistes invités vont revisiter les chansons de Malicorne à leur manière, y ajouter leur touche, à tour de rôle, comme autant de surprises :
- Claire Di Terzi, brillante sur « les Tristes Noces »,

- JP Nataf en interprétation crescendo pour « Quand je menai mes chevaux boire »,
- Bensé et Jil is Lucky en duo, moins convaincants je trouve pour « Beau Charpentier - Quand le Cyprès »,

- et Tété, gonflé d'ajouter de la guitare à « la Complainte du coureur de bois » qui se joue habituellement a capella, mais il a bien fait, c'est réussi !

Karl Zéro se joint au groupe pour faire les choeurs sur « La conduite », il a l'air ravi de participer, ça fait plaisir à voir.

Malicorne en formation originelle va nous faire aussi : « Marions les roses », « Voici la St Jean », et un titre qui s'est trouvé à la radio « top du pop » en 1976, « le Prince d'Orange », drôle pour un morceau du XVe siècle... Le public en reprend le refrain en choeur, « Que maudit' soit la guerre ! », comme si la force de cette chanson avait le pouvoir de combattre la guerre, toutes les guerres...

Mais le moment magique entre tous, de cette soirée qui en fut pourtant riche, c'est « Le luneux » interprété par Marie, Laurent et Hugues : Marie -reine de la soirée-, éblouissante, tout en blanc, charme et timbre de voix incroyable. A cet instant, la salle entière retient son souffle, un ange passe ou quelque chose comme ça, le duende peut-être...

Et comme la soirée n'est pas avare en émotions et surprises, un épisode inattendu de musique classique et d'humour nous est servi par Le Quatuor de Laurent Vercambre, délirant de virtuosité et de drôlerie, avec pour l'occasion du Malicorne intégré à son sketch ! Une belle tranche de rire, on pouffe, on éclate, on se régale !

Sans transition ou presque, expliquant d'ailleurs que Laurent Vercambre a voulu arrêter Malicorne car le répertoire était « top mais vraiment trop triste », Gabriel annonce la plus triste, la plus terrible, la plus horrible mais peut-être la plus belle des chansons : et ils jouent les premières notes de « l'Ecolier assassin ». Cette chanson me fait toujours un gros effet, j'avais eu un choc en l'entendant il y a plus de trente ans, gamine de 13 ou 14 ans, et là c'est pareil, je suis en état second, et les larmes me viennent aux yeux. Je n'ose pas regarder mes voisins, mais 'y a des moments, je vous jure, c'est du bonheur de pleurer !

J'ai dû vous dire des titres dans le désordre... Qu'importe. Il y a bien un moment où la fin approche, et c'est toujours trop tôt : quand il en est question, dès les premiers saluts, toute la salle est debout, pour une ovation à tout rompre : de rappel en rappel, après des instrumentaux endiablés, Gabriel essaie de terminer par « Ma chanson est dite », mais c'est finalement « J'ai vu le loup le renard et la belette » qui clôturera la soirée par un bal improvisé, Marie invitant le public à venir danser l'andro sur scène...

Quelle soirée, mais quelle soirée ! Nous en avons rêvé, si fort que ce rêve s'est réalisé, en un concert magique et merveilleux.
J'en oublie presque un instant de doute pour Gabriel à la voix mal assurée sur les premiers morceaux à cause d'un mal de gorge, la faute aux vents d'ouest disait-il ; mais au fur et à mesure du concert de plus en plus réussi, de l'enthousiasme sur scène et dans la salle, son épanouissement était visible, communicatif, et foin des vents d'ouest, sa voix revenue !

Quel concert mémorable ! Je sais bien que le groupe ne se reformera pas, que c'était exceptionnel, mais je veux dire deux choses : d'abord, le répertoire de Malicorne n'a pas pris une ride, il a traversé les siècles et reste intemporel, et l'interprétation et les arrangements de Malicorne gardent leur originalité et leur attrait, des jeunes fans nés après le groupe ne s'y trompent pas... Et puis, s'il prenait l'envie au groupe de refaire l'expérience d'un ou quelques autres concerts, ce serait bienvenu !

En attendant, un immense merci aux initiateurs de ce projet incroyable et surtout, aux artistes de l'avoir fait...

Et pour ceux qui regrettent de l'avoir manqué, notez bien que le concert a été filmé et qu'un DVD devrait sortir en fin d'année 2010.

Cath
juillet 2010

dimanche 4 juillet 2010

Centre Pompidou Metz (1)

"J'avancerai dans la beauté
J'avancerai dans la beauté
Beauté devant moi
Beauté derrière moi
Beauté au-dessus et en dessous de moi
Beauté tout autour..."

Me reviennent les paroles de ce chant chamanique, chanté par Gabriel...

C'était le cas ce jour-là : beauté tout autour... un vrai bonheur.
Et en plus, une belle journée d'amitié !

Mais allons-y, si vous voulez :
le Centre Pompidou de Metz est magnifique, déjà, en soi.

Pas décrié avant d'être apprécié, comme à ses débuts son homologue et prédécesseur parisien, le Centre Beaubourg : non, celui de Metz fait d'emblée l'unanimité.

Le succès est immédiat, réel déjà : l'affluence sur le site dépasse les meilleures prévisions qu'on avait faites, montrant bien le besoin et l'envie du public pour un lieu d'art de ce type, et l'enthousiasme véhiculé par bouche-à-oreille dès son ouverture en mai.

Le bâtiment est un chef-d'oeuvre, bâti sur une idée géniale : imaginez plusieurs parallélépipèdes rectangles, comme des paquets de petits-beurre, posés l'un sur l'autre mais pas empilés parallèlement : pivotant, décalés, pour faire une étoile. Les rectangles sont ouverts, vitrés aux extrémités pour offrir une vision panoramique depuis l'intérieur, différente à chaque étage. Mettez là-dessus une toiture souplement tissée pour épouser le tout. L'ensemble, sur un bel espace dégagé, dans des matériaux superbes (bois, verre) tient à la fois de la yourte et du paquebot, architecture étonnamment moderne mais pas dépaysante, d'une harmonie pure dans le paysage urbain messin éclairci par cette trouée dans la ville.


L'intérieur laisse voir la structure et ses transparences à plusieurs niveaux.

De beaux volumes où l'on respire, où l'on se sent porté.



Les larges baies vitrées s'ouvrant sur la ville offrent des belles perspectives.


Un effet de contre-jour rend le public presque personnage d'une oeuvre entre photo et toile...

Au-dessus des galeries du rez-de-chaussée, un miroir géant suspendu au plafond nous incite à nous repérer, et fait un tableau en mouvance.


Des installations font partie du décor, se fondant avec le reste des oeuvres.


Envie de poursuivre la visite ?

Chefs-d'oeuvre ? (Centre Pompidou Metz, 2)

A l'occasion de son ouverture, le Centre Pompidou propose une exposition exceptionnelle de chefs-d'oeuvre d'art moderne et de différentes époques, questionnant la notion même de chef d'oeuvre, relative et plus ou moins pérenne.

Je vous en présente une sélection, complètement subjective, suivant mes goûts ! Il est réjouissant de voir "en vrai" des oeuvres familières, qui font partie de l'inconscient collectif, de notre patrimoine culturel. Ou d'en découvrir d'autres, intéressantes ou coups de coeur.

(Il est à remarquer, et bien appréciable, que les photos ici sont autorisées, contrairement à bien des musées. Sans flash bien sûr, pour ne pas abîmer les oeuvres. Je ne m'en suis donc pas privée, pour garder trace de cette visite riche en émotions esthétiques. Voici donc quelques-unes de mes photos. Je pense que l'art doit circuler... En cas de problème de droit d'image, me contacter.)

Ainsi (ci-dessus) ce "St Thomas" de Georges De La Tour, saisissant de ferveur.

Une "authentique" copie de Monna Lisa, datée du XVIIe siècle (anonyme)...

Oeuvre géante, "La Toussaint" d'Emile Friant, aux visages si réalistes (voir détail), que l'on admire habituellement au Musée des Beaux Arts de Nancy (mais que l'on ne peut photographier là-bas !)

(détail du tableau)

Georges Braque : Petite Baie de la Ciotat.

Une noce de Chagall.

Une interprétation en tapisserie de Guernica.

Quelques nus et un Utrillo.

Paul Klee semble indiquer la direction de la visite...

Des panneaux abstraits dont je n'ai pas l'auteur...

"La Guitare", de Juan Gris.

L'énigmatique "Modèle Rouge" de Magritte.


La série de collages "Jazz" de Matisse.

"La couleur de mes rêves", de Miro...

" Josephine Baker", par Alexandre Calder (1928).

"Art is a guaranty of sanity" : l'art-thérapie, en une installation étonnante de Louise Bourgeois : "Precious liquids".


"L'Orchestre" de Nicolas de Stael : ne me demandez pas pourquoi, car je n'y comprends rien, mais j'aime beaucoup ce tableau, tout en nuances de gris.

Et ce qui, pour moi, est un pur chef d'oeuvre : la "Muse endormie", de Brancusi.

Evidemment tout ceci n'est qu'un aperçu... vous invitant à faire la visite par vous-mêmes, pour y trouver "vos" chefs-d'oeuvre !

L'exposition intégrale actuelle, en quatre partie, "Chefs-d'oeuvre dans l'histoire" et "Histoires de chefs-d'oeuvre", présentant également différents courants d'art ("Chefs-d'oeuvre à l'infini",) et l'histoire d'une trentaine de musées d'art moderne français en maquettes, dessins et films ("Rêves de chefs d'oeuvre"), est visible jusqu'au 25 octobre 2010. Puis elle sera changée, partiellement, en janvier puis mai 2011, pour être entièrement renouvelée en août 2011.