Avec une bande-son particulièrement belle et en phase avec le sujet.
Un vrai hommage à la terre.
Enfin à la mer.
Enfin c'est pareil.
Musique : Bruno Coulais.
Chanson (paroles et interprétation) : Gabriel Yacoub.
Je ne connais pas grand' chose à la peinture contemporaine, et rien à la peinture abstraite : je me laisse porter par l'émotion, et je n'en ai pas beaucoup devant les formes géométriques qui me semblent sans élan, sans vie.
Mais la peinture de Pierre Soulages, son travail sur le noir, m'intriguait. Pourquoi se passionner pour cette couleur, ou plutôt cette absence de couleur ?
Il raconte comment, étant enfant, il a été longtemps intrigué par une tache noire sur un mur, avant d'y voir un jour la forme d'un coq, si vive qu'il croyait vraiment que l'on avait peint un coq à la place de la tache. Retrouvant la tache le lendemain, il comprit qu'il avait lui-même vu, créé l'image du coq.
Pus tard, adolescent, il découvre dans la peinture figurative l'émotion que lui procure le tracé du pinceau, l'élan de ce mouvement, plus que le sujet représenté qui ne le touche pas autant.
Afin de laisser le spectateur libre d'interprétation, il ne donne pas de titre à ses toiles : « La réalité d'une oeuvre, c'est le triple rapport qui se crée entre la chose qu'elle est, celui qui l'a produite et celui qui la regarde. »
Mais pourquoi le noir ?
« Il est l'absence de couleur la plus intense, la plus violente, qui confère une présence intense et violente aux couleurs, même au blanc. » (Pierre Soulages, 1963).
Très longtemps, Soulages fait apparaître le noir en contraste, à côté du blanc ou de quelques touches de couleur. Puis peu à peu, il se consacre au noir, par différentes techniques. A partir de la fin des années 70, le noir devient prépondérant puis exclusif dans ses toiles.
« Mais c'est une couleur le noir ! C'est une couleur, une couleur très violente ! » (1976)
Il s'attache alors à en rendre la lumière, les nuances, les reflets, l'émotion que produit sa présence et ses différents aspects.
« J'aime l'autorité du noir, sa gravité, son évidence, sa radicalité. Son puissant pouvoir de contraste donne une présence intense à toutes les couleurs et lorsqu'il illumine les plus obscures, il leur confère une grandeur sombre. Le noir a des possibilités insoupçonnées et, attentif à ce que j'ignore, je vais à leur rencontre. »
Il invente un néologisme : « outrenoir » :
« Outrenoir pour dire : au-delà du noir une lumière reflétée, transmutée par le noir. Outrenoir : noir qui cessant de l'être devient émetteur de clarté, de lumière secrète. Outrenoir : un autre champ mental que celui du noir. »
On est parfois un peu perplexe devant ces déclarations très intellectualisées...
Et cependant, j'avoue que cette exposition m'a impressionnée.
Les toiles sont immenses, regroupées en compositions (diptyques, triptyques), la lumière qui les éclaire, intrinsèque au tableau et soigneusement disposée pour sa source externe, invite à regarder la toile en se déplaçant, pour la voir sous différents angles. Face à ces grandes toiles dans des espaces blancs, ouverts, on s'amuse à en percevoir les nuances, l'émotion des élans des traits, reliefs, creux que la lumière épouse, on se sent face à soi-même, grisé par tant de mystère et de liberté aussi, humble et grandi à la fois. Un moment intense et étonnant.
Je m'aperçois que depuis, quelque chose a changé dans mon regard : je ne verrai plus jamais le noir de la même façon...