mercredi 27 janvier 2010

Musique au logis avec Bastien Lucas

Ne vous inquiétez pas pour mon orthographe : je ne vais pas vous parler de musicologie (quoique ça ait l'air bien intéressant) !
Mais le mot de Bastien donne le ton, et dit bien ce dont il s'agit : un concert à domicile, entre amis, tout en humour et subtilité.

Il y a des mois qu'on en parle, alors on est tout fébrile quand la date approche : « on » c'est le petit groupe qui organise cette soirée, un concert « privé » mais pas fermé : on accueille volontiers un couple de fans qui s'est manifesté, ils connaissent Bastien Lucas par le Festival des Granges.

C'est aussi au Festival des Granges que j'ai fait sa connaissance et l'ai vu chanter, lors de ses premiers concerts il y a 4 ou 5 ans. Depuis, il y a chanté plusieurs fois et y est revenu régulièrement aussi en tant que festivalier, avec son frère et ses amis. On se côtoie toujours avec plaisir. J'aime bien avoir des nouvelles ce qu'il fait : pas mal de concerts dans divers lieux à Paris et en province, un premier CD produit par Gabriel Yacoub et le Roseau, un autre, EP Live avec un livre, "Cahier d'Essais "(partitions et infos diverses). Son premier CD, "Essai", a eu le Coup de coeur de l'Académie Charles Cros en mai 2007.

Bastien continue à écrire, à composer, à chanter, tout en poursuivant ses fonctions d'enseignant en collège et en faculté. Il commence une tournée de Musique au logis pour aller vers le public, rencontrer les amis des amis : et c'est une rudement bonne idée !

C'est toujours difficile d'expliquer à l'avance un spectacle : mais les amis nous font confiance, ils viennent découvrir un artiste. Certains ont écouté quelques titres et sont curieux d'en entendre plus.
Une belle énergie s'est déployée pour organiser la soirée (sans parler du buffet gourmand bien garni... Non non je ne vous en parle pas, rien que de dire « buffet de desserts » et « tiramisu » je vous vois en avoir l'eau à la bouche !): donc, Guillaume prête son clavier, un ami un pied de micro, un autre apporte son matériel de sono. Bastien peut voyager léger, il apporte sa guitare et un micro !

Les balances se font tranquillement, dans l'après-midi, avec Samuel l'ami-accompagnateur-agent-manager (ou quelque chose comme ça, Bastien dit « l'homme atout »), Bastien prépare la liste des chansons qu'il va jouer, il répète un peu, fait quelques essais au piano et à la guitare, et tandis qu'on installe tables et chaises avec Béa, je me dis qu'on a de la chance...
Arrivent les amis et ça fait bien plaisir. Après les présentations et l'apéro (un punch lorrain léger), le concert peut commencer !

« J'aurais dû », commence Bastien : je la retrouve avec plaisir. Puis des nouvelles chansons, « Ma voie » que je découvre, un « 21 décembre » renommé pour ce jour « 23 janvier », une chanson de saison :
« Il fait froid, mais au moins
Il le fait très bien…
Plus je tremble, plus je pleure,
Plus j’ai chaud au cœur
Car, à ce jour de l’année,
J’ai le droit d’espérer
Pouvoir me laisser glisser
Sur les étangs gelés
Mais ce que j’attends vraiment,
C’est léger et c’est blanc… »

L'assistance est sage et concentrée, a une écoute attentive.

Les chansons de Bastien sont d'une écriture fine et exigeante, pleine de jeux de mots, de doubles-sens évidents ou cachés, on n'en fait pas le tour en une écoute. Elle évoquent plus qu'elles ne décrivent, ne citent pas de nom, invitent chacun à imaginer l'histoire ou à la laisser faire écho en soi. Elles traitent de sentiments, de regrets, de rendez-vous manqués. Elles tentent de comprendre, dénouent les incompréhensions, donnent quelques hypothèses. Elles laissent toujours une porte ouverte vers l'autrement, le peut-être, le mieux, le plus loin. Mais il y a toujours une légèreté dans la gravité, un nuage de dérision dans le bol du respect... Car Bastien aime jouer avec les mots, chercher les homonymes, les assonances, les rapprochements : pour l'humour, pour le plaisir, pour la légèreté. Et pour l'inattendu, pour bousculer le convenu, pour l'ouverture vers d'improbables associations, qui se font parfois évidences. Comme ce rapprochement de la conquête militaire et amoureuse :
« Je vais à l’amour comme à la guerre ;
La déclaration est nécessaire.
J’établis ma stratégie et je sais que je passerai la nuit
En pays conquis… »
(A prendre au second degré évidemment !)

Comme cette nostalgie, tempérée par les assonances : (à lire tout haut) :
« J’aurais dû t’enlacer,
J’aurais dû t’embrasser ;
J’aurai du temps pour y penser,
Revoir mes espoirs au passé… »

Les musiques ne sont pas en reste. Jamais faciles, la mélodie, l'atmosphère véhiculent, épousent l'émotion de chaque chanson, légère pour évoquer l'arrivée de la neige (« 21 décembre »), s'élevant pour « Plus haut », se faisant espiègle pour « Comme à la guerre », posant le décor presque cinématographique pour « Autant pour moi »...
La voix est claire, aisée, limpide.
Bastien présente chaque chanson avec souvent un peu d'humour, pour en annoncer la couleur, le thème, l'origine ou une piste d'explication.

Les nouvelles chansons sont belles, intéressantes. On a souvent envie de lire les paroles pour décrypter le sens et lever les ambiguïtés ! Mais il faudra attendre le prochain album, et les écouter encore, ne pas chercher trop vite la solution...
A la fin du concert, Bastien me fait un beau cadeau, ainsi qu'à ceux qui aiment Gabriel Yacoub : une reprise tout en sensibilité de « Rêves à demi » : j'en ai des frissons...

Pour nous remettre, il nous propose enfin une belle bouffée d'air avec « Où aller » :
« Quand je ne peux plus supporter
Les décors agglomérés
Et leurs airs vicieux et viciés,
Je rêve d’un endroit plus dilué
Où je pourrais me concentrer.
Peu m’importe où le ciel est bleu,
Moi, ce que je veux,

C’est la mer, c’est le vent,
C’est l’espace et le temps,
C’est de l’eau, c’est de l’air et du courant,
C’est un tourment pourtant si apaisant,
C’est le sol à dorer,
C’est le parfum salé,
C’est la teinte indécise et nuancée,
C’est tellement simple que c’est oublié »

Nous avons vécu avec ce concert un moment privilégié, très apprécié d'après les échos des amis le soir-même et les jours suivants. Et l'accueil chaleureux chez Béa est un plaisir aussi.

Bastien, tu peux revenir en Lorraine, un public t'attend !

Mais d'ailleurs, tu n'aurais pas oublié une chanson ? J'aurais dû... la réclamer ! « Neige et soleil » : je l'aime beaucoup, elle était sur la liste et tu l'as omise semble-t-il : voilà une bonne raison de revenir...


Cath
janvier 2010


Pour plus d'infos, voir page Myspace, site, et blog :
http://www.myspace.com/bastienlucas
http://www.bastien-lucas.fr/
http://www.bastien-lucas.fr/blog/


5 commentaires:

fanny a dit…

Merci ma Cath,on s'y croirait comme d'habitude, sauf... qu'on n'y était pas, snif....

Cath a dit…

> Fanny : quel dommage que vous n'ayez pu venir, oui...

Anonyme a dit…

Catherine rend un très bel hommage à Bastien par son texte et la citation des extraits de chansons.

Je ne peux que confirmer : nous avons partagé un excellent moment. Textes et musique méritent vraiment d'être approndis car parsemés de subtilités, d'humour, de passion, de vérités.

Même si je suis convaincue que le partage de l'émotion est souvent aussi fort que l'émotion elle même...Le cahier d'essais permet vraiment d'aller plus loin et de faire évoluer un plaisir partagé vers un bonheur plus intime.
Merci à Bastien
Merci à Catherine d'avoir permis cette magnifique rencontre

Béa

Samuel a dit…

Merci Cath et Béa. Ce fut une excellente soirée et un concert très agréable. On remet ça quand vous voulez !

Fanny : on te fera un concert rien que pour toi bientôt, promis ! Trop longtemps qu'on ne t'a pas vue :(

Cath a dit…

Une belle rencontre, une belle découverte pour les gens présents, qui m'en ont reparlé après !
Et en plus, deux garçons adorables. :)