mercredi 27 août 2008

Festival Des Granges 2008

5e FDG et toujours le même bonheur à y venir !
Il s'ouvre avec un temps ensoleillé et tout le monde a le sourire. Lorsque nous arrivons jeudi, le chapiteau est installé, les travaux d'aménagement de cette année ont rendu l'espace d'accueil encore plus beau, pratique et convivial : un jardin à la campagne, pelouse ombragée et allées claires. La pierre et la terre blanches de ce coin de Meuse rendent tout plus lumineux ici qu'ailleurs, sol et murs.

Comme la grange à concert de la première soirée, avec sa petite scène aux couleurs chaudes : concert intime, soirée blues.

Jules « le songwriter à la française » est venu avec son guitariste Laurent, son grand sourire, ses chansons et son humour ; et l'ambiance est tout de suite lancée, le public enthousiaste, « comme tout le monde », comme dit Jules en chantant ! Il nous replonge dans « les années douces » avec plus de clins d'oeil que de nostalgie, et nous fait participer en choeur, battement de mains et chorégraphie au futur « tube de l'année 2009 » : « A New York un Picon-bière, c'est bon, mais c'est cher ! A Paris un bière-Picon, c'est cher, mais c'est bon ! » Les paroles vont plus loin mais j'avoue que je n'ai pas tout retenu. Il a un petit quelque chose de Bénabar, la bonne humeur communicative et un chaleureux contact avec le public, qui rit de bon coeur. Et puis tout de go, il passe à une histoire plus grave, celle d'un Roméo épris en secret, d'une passion qu'il ne peut pas dire, triste car il est... gay. Cela plombe un peu l'atmosphère, mais j'aime beaucoup. Avec « Il était mon ami », ce sont deux chansons superbes, pleines de sensibilité, qui m'ont touchée. Deux bambins au premier rang ne le quittent pas des yeux ; la grange est pleine, le public de tout âge est conquis.

Charlie Fabert prévient dès son entrée : « ce sera très différent !» Du blues, il chante mais surtout joue de la guitare, de ses longs doigts fins, admirablement. Après quelques morceaux, il est rejoint par Kate Cassidy, chanteuse écossaise au timbre de voix et à l'expressivité étonnants. Le blues, je connais peu et je ne pensais pas être remuée comme ça, par cette longue dame blonde à la voix grave, qui ondule en chantant l'amour et le spleen. La salle apprécie et participe de la voix, des mains et des pieds. L'espace devant la scène se remplit, on s'asseoit par terre pour être au plus près et vibrer en rythme.

L'ambiance est chaude, elle sera galvanisée par Marc André Leger. Ce Canadien qui vit en Europe est un musicien exceptionnel. Guitariste virtuose, s'accompagnant au dobro (une guitare métallique à résonateur), il vit le blues et le gospel intensément, et le partage de tout son talent de communication, par ce qu'il dégage, sa générosité, son humour, et son magnétisme. Les premiers rangs font les percussions en battant des mains, de temps en temps il s'interrompt sans trouble et leur donne le tempo avec un beau clin d'oeil. Le moment est magique, le public est passionné, animé et en redemande ; Marc André Leger apprécie et continue. Il finira en menant un bel ensemble avec Laurent, Charlie et Kate pour quelques morceaux. A la fin le public est debout et l'acclame, lui et toute la soirée, le succès est mérité !



Vendredi se lève gris, le temps est à la pluie : un peu, beaucoup, plus ou moins selon le moment du jour, on aura eu toutes les variétés d'ondées, averses et « rabasses », comme disent les copines de Besançon. Et le soir, ça continue : des cordes ! Pour un festival de guitare, vous me direz...
Heureusement, le chapiteau offre un bon abri pour la scène et le public, même si le sol est mouillé, et même si la buvette dehors et ses parasols font triste mine, comme les organisateurs un peu inquiets à l'approche de la soirée. Finalement un demi-miracle s'opère, pas du côté du ciel en larmes, décidément inconsolable, mais du côté du public venu nombreux sans se laisser décourager par le temps. Ils ne seront pas déçus !

Cyril Achard démarre avec brio cette soirée-guitare, par un jeu soigné de jazz et bossa en solo : il interprète des compositions personnelles très élaborées et revisite librement des thèmes comme « la Javanaise ». J'avoue que je décroche un peu par moments, c'est assez austère pour moi, mais c'est très bien joué. Mon voisin, amateur de jazz, est ravi.

Kamilya Jubran suit. Elle chante des textes de poètes contemporains, palestiniens, libanais ou syriens et s'accompagne au oud (luth arabe) : l'instrument est grave et poignant, le moment aussi. La voix de Kamilya Jubran est sublime, cristalline et pleine de nuances, vibrante et tout en émotion : le public est attentif, de plus en plus, puis captivé. La chanteuse donne la traduction de quelques textes, on y entend les larmes et la souffrance des peuples en guerre, en des mélodies et mélopées magnifiques, très émouvantes. Elle est justement et chaleureusement applaudie par le public, respectueux, touché.

L'ambiance de la soirée change de ton, pour le flamenco de Serge Lopez, en duo avec Jacky Grandjean : une guitare, une basse, du chant, des frappements de mains, un énorme talent et une complicité sans faille, ils sont excellents, s'amusent beaucoup et nous aussi ! Le succès est énorme, on a du mal à les laisser partir...

Mais la soirée n'est pas finie, elle se continue avec le groupe « les Doigts de l'Homme » : du jazz manouche à la chanson festive, un zeste de rock et world, ces virtuoses nous emportent dans leur univers de rythme et d'humour avec une belle complicité de groupe, c'est un spectacle à voir et à écouter, on se régale ! On rit et on s'enthousiasme pour la musique et pour les paroles avec des chansons bien senties, comme « la place du mort », qui me fait penser à Brassens, ou ce morceau de jazz, « camping sauvage à Auschwitz », hommage à la population tzigane déportée. La salle bat des mains et des pieds, ça swingue, on acclame, on adore !

La nuit est bien avancée, on a oublié la pluie. D'ailleurs il ne pleut plus, ou presque, et les belles émotions et l'énergie de la soirée ont si bien chauffé le chapiteau que la vapeur d'eau nimbe d'un joli halo de brume les festivaliers qui repartent...

Samedi le temps est plus sec, et au fil des heures le soleil arrive : nous avions des émissaires pour nous l'envoyer, merci aux amis de loin qui pensent à nous ! On ne sait jamais, ça peut jouer !

La soirée s'annonce pleine d'énergie et de talent, pour terminer en beauté ce festival. En première partie nous retrouvons Charlie Fabert et son band, pour du blues très électrique, guitare, basse et batterie ; Kate Cassidy les rejoint au chant pour quelques morceaux choisis.

Changement d'univers avec Up ya boya et sa musique irlandaise : reels et jigs enjoués et entraînants, ou balades aux arrangements subtils, les instruments et voix se répondent ; celle de la chanteuse, Bénédicte, est magnifique. On est sous le charme, et le chapiteau prend des allures de pub joyeux. Il ne manque plus que le parquet pour danser ! Et des notions de pas irlandais, mais cela est une autre affaire...

Autre chanteuse, toute autre voix, mais autant de charme et un talent éclatant, la jeune Marjan Debaene et ses chansons pop-rock. Elle est bien entourée à la guitare électrique, basse et batterie, et laisse jaillir son énergie et sa joie de vivre communicatives. Après une tournée européenne, venue de Flandre, elle est heureuse de jouer au Festival des Granges, et le public ravi de la découvrir : un nom à retenir, et à suivre...

Pour finir, place au groupe très attendu, The Christians ! Après leur succès mondial en 1988-1990 puis leur séparation, ils jouent ensemble à nouveau sur la scène du Festival des Granges, pour un vrai bonheur de concert. Leur son pop soul funk est superbe, l'harmonie des voix et des mélodies remarquable, que ce soit dans leurs morceaux ou des reprises, des Beatles par exemple (« Here comes the sun »). Et en plus ils sont beaux, pleins de charme et d'humour ! C'est un concert magnifique, autant pour ceux qui les retrouvent que pour ceux qui les découvrent : un grand moment ! On le prolonge, on les rappelle, ils reviennent encore et encore...



Mais tout a une fin, même les plus beaux moments, même un festival qu'on adore... C'est déjà fini ? Encore une fois, ça a passé à toute vitesse. Mais je repars la tête pleine de musique et de belles découvertes. Et d'amitié aussi, d'échanges chaleureux...

Et Pascal et Fanny l'ont promis, la grange ne va pas s'endormir pour toute une année : on prévoit d'y fêter la Saint Patrick.
Alors, rendez-vous à Laimont au printemps !

Cath
08 2008


Photos : Cath.
Quelques extraits en vidéo, en suivant les liens.

5 commentaires:

franck a dit…

Je me doutais bien que le CR "Festival des Granges" était imminent... Comme d'hab, un peu de frustration de ma part de ne connaitre quasiment aucun artiste (à part The Christians évidemment...) mais en tout cas, ça fait envie !
Et en plus, comme souvent avec toi, on s'y croirait ! Alors merci pour le partage !

Anonyme a dit…

Fanny
merci à notre "rapporteuse" attitrée, c'était tout bien comme tu l'as dit ma Cath ! J'espère effectivement que nous pourrons ouvrir notre grange pour la Saint-Patrick et se faire quelques beaux concerts avant l'édition 2009.
Merci pour ta fidélité Cath.

Réverbères a dit…

Et dire que moi, je ne connais personne, même pas The Christians !!!
Mais plus d'un moment m'aurait intéressé ! Et les photos sont superbes !

Anonyme a dit…

Wow pour un beau compte-rendu c'est un beau compte-rendu, rien n'y manque je peux confirmer ! à part peut-être l'intensité des gouttes sur la toile du chapiteau, hum hum !!
Merci Cath pour cette restitution fidèle de la chaleureuse ambiance qui régnait encore cette année au coeur de ces musiques, et du nôtre ... et à l'année prochaine pour d'autres pluies de cordes !! ;-))

Je t'embrasse fort, et Fanny et Pascal et Juju aussi bien sûr !

Hélène

Luc Viatour a dit…

Belle photos, c'est pas simple les photos de concerts!

Bravo, l'ambiance est bien respectée ;