dimanche 23 mai 2010

Gabriel Yacoub et Arthur H à Aubercail

Je me demande d'où me vient, du plus loin que je me souvienne, cette passion pour Gabriel et son univers. Elle est par moments vive et vibrante, avec le temps tranquille et sereine, mais en tout cas, constante, sûre, tenace. Si, je sais d'où elle me vient, quand elle démarre, je me souviens bien ; elle a même eu des moments de silence, de perte de vue, puis de retrouvailles, depuis mes douze ans et Malicorne... Mais ce que je ne sais pas, c'est ce qui en moi y a fait écho, aussi durablement ?

Bon, peu importe après tout, la "Yacoubite", d'autres en ont parlé bien mieux que moi, et beaucoup la connaissent et me comprennent : ce n'est pas une maladie grave, ça ne se soigne pas et ça remet plutôt d'aplomb au contraire !

Alors faire des kilomètres, ça ne compte pas si c'est pour aller y replonger encore une fois... (Et d'ailleurs les kilomètres, c'est le TGV qui les fait, un vrai plaisir ! Et on s'y retrouve entre amis, ça fait plaisir aussi.)

Cette fois, en plus, le lieu m'attirait, car le festival Aubercail, à Aubervilliers, a une programmation superbe et un esprit sympathique, je le remarque depuis plusieurs années sans y être encore allée : ça se sent ces choses-là...

En effet, après une arrivée un peu déroutante au milieu d'une zone de chantiers poussiéreux, entre périph et banlieue, nous trouvons le chapiteau Magic Miror et l'accueil souriant de ses organisateurs, comme un oasis de beauté et de chaleur humaine. En plus, il fait beau !

Nous rencontrons Gabriel à l'entrée, qui nous salue : il a eu une panne de voiture, il a l'air un peu embêté, mais zen tout de même, il reste souriant, il a l'air heureux d'être là.

Des bénévoles agrafent en hâte des affiches des deux artistes de la soirée, les gens commencent à affluer, les amis arrivent.

Nous entrons : le décor est superbe : un chapiteau rond, tapissé de tentures rouges bordées d'or, un plancher, des miroirs ; des sièges, c'est luxueux.

On joue à guichet fermé, avec les réservations c'est complet. Comme on entre parmi les premiers, on se met au premier rang : « Devant, si près, tu crois ?

- Bah oui, on n'est pas venu de si loin pour être au fond ! »

Enfin la salle se remplit, s'obscurcit : il y a cinq cents personnes, peut-être plus.

Ouverture d'Aubercail, le « Festival des mots dits », 4e édition ; présentation des artistes de ce soir par le responsable du festival, applaudissements, rideau. Bon, il n'y a pas de rideau mais c'est tout comme : silence, entrée des artistes.


Le trio arrive sur scène : Gilles Chabenat à la vielle, Yannick Hardouin au piano, Gabriel voix et guitare :

« Pour revenir de tout il faut pourtant y être allé
je ne reviens de rien il me reste à aller partout
poursuivre la fortune comme on irait à une fête
de rivières, de passeurs et d’impatience de bateaux
tout est là qu’on se le dise et qu’on ne cherche pas plus loin
le bonheur est ici à portée de main
à l’intérieur de nos cœurs au fond du jardin... »
Les mots, la voix, le piano, la vielle : tout est là, je sais pourquoi je suis là, cette chanson me fait toujours autant d'effet.

Et les autres se déroulent, celles de l'album « De la Nature des choses » principalement : "le Café de la fin du monde", je pense à un ami, "Souvenirs oubliés", c'est pour ma voisine de concert qui l'aime tant, "Un des deux en l'air", que j'aime comme une balade à Paris, "Elle disait", je repense au concert en plein air à Sion cet été, avec l'angelus à toute volée au milieu de la chanson, "Il aurait dû", "il" ne sévit plus mais les conséquences s'en font encore sentir...


Pause des « mots dits » avec l'enchaînement de deux instrumentaux superbes, "Carmin" et "Héron", de Gilles Chabenat dans tout son talent.

Et puis l'heure est aux essentielles : "la Bougie", métaphore de l'amour, "Avant que de partir", sereine acceptation du grand départ, "Pluie d'Elle" :

« elle m'avait dit sept fois "je t'aime" en posant la main sur son coeur
elle m'avait dit "cette fois je t'aime"
mais le printemps a coulé le temps s'est affalé
le long de la colline et jusqu'à la vallée

elle m'avait dit sept fois "je t'aime"...
le long de la colline et jusqu'à l'avaler »


J'en oublie sans doute, ce n'est pas exhaustif, dans ces moments-là on vit l'instant, je ne pense pas à noter ou retenir la liste des chansons.

L'écoute est fervente et-ou respectueuse, je crois que le public est sous le charme.

Avant que de partir, il y aura des rappels évidemment : "Je resterai ici", (on ne demande pas mieux !), je suis heureuse de l'entendre, j'aime beaucoup cette chanson, et "Les choses les plus simples", indispensables, particulièrement touchantes dans cette version en trio.

Il y a un moment tout de même où cela s'arrête : déjà ? ! Et oui, on n'a pas vu le temps passer, on est si bien, là, dans cette bulle de musique et de mots, dont les vibrations résonnent encore en nous pour un moment...

Sourires, on échange quelques mots avec les amis, tout va bien : tout est là...


En deuxième partie de soirée, c'est le concert d'Arthur H en piano solo. Je ne connais pas bien son univers. A découvrir donc.

Et bien c'est une belle surprise !


Sa voix rauque étonne un peu après celle de Gabriel, et ici c'est plus jazz, et seulement piano, il faut changer de références. Mais Arthur H a de l'humour, il enrobe ses chansons de tout un discours délirant sur les terrains vagues qui nous environnent, les centres commerciaux qui poussent au printemps, etc : le public rit, participe, est conquis ! Ce garçon est doué en tout, musicalement et comme interprète, il nous fait une belle performance. J'avoue que je passe un bon moment : chapeau l'artiste !

Après le concert, Gabriel, qui est resté jusqu'à la fin, me dit qu'il va aller saluer Arthur H. Ou le féliciter. Je ne sais plus ce qu'il a dit, mais c'était l'idée. Et ça le valait bien.

Avec tout ça notre aventure Aubercaillienne touche à sa fin. Bien sûr on ne peut pas rester toute la semaine. Mais c'est dommage, le reste du programme me semble bien intéressant aussi !


Bravo à l'équipe d'Aubercail, des passionnés qui font vivre la chanson là où l'on ne s'y attend pas, c'est une belle histoire : longue vie à ce festival !


Cath

05 2010

Une chouette vidéo pour un aperçu de cette soirée, ici.


4 commentaires:

usclade a dit…

Merci Cath pour ce beau partage.
Je ne connais pas Gabriel Yacoub, mais Arthur H c'est vraiment un monstre ! De la trempe des Arno, Thomas Fersen...
Et c'est vrai, y a vraiment une belle affiche.
Bernard Joyet, c'est le père d'un membre d'un groupe que j'adore : Les Joyeux Urbains, un groupe pour tous les âges et tous les humours...

Cath a dit…

> usclade : Merci de m'avoir lue, et de partager mon enthousiasme !
Tu as raison, Arthur H est une bête de scène, ce qu'il a fait en concert tout seul avec son piano, c'est génial, respect !
Bernard Joyet, c'est le prochain "grand" que je voudrais voir sur scène, je ne le connais qu'en CD !

clay-dreams a dit…

De toute évidence cette soirée fut une réussite, et votre récit pas à pas et d'émotion en émotion nous y emmène aussi.
Très honnêtement, je ne connais pas G.Yacoub, mais lorsque vous évoquez Malicorne... là des souvenirs d'enfance remontent (mon grand frère chantait Dame Lombarde ... avec ses 1ers accords de guitare).
D'autre part, merci pour le lien.

Cath a dit…

> clay-dreams : merci, une réussite très agréable, oui !
Et bien depuis Malicorne, Gabriel en a fait du chemin ! Il est à suivre...
Quant à Malicorne, le groupe reformé pour un soir sera aux Francofolies de La Rochelle le 15 juillet, qu'on se le dise !