mercredi 1 juillet 2009

Barzingault chez Béa


Samedi matin : ambiance humide et fraîche. La météo est plutôt grisonnante, alors, après la soirée de vendredi qui a échappé aux orages annoncés, on se dit que cette fois on n'y coupera pas ! Bon, on verra... En début d'après-midi c'est du pareil au même, quand Thierry, du groupe Barzingault (« Appelez moi Barzingault 1er ! ») arrive chez Béa et Christian. On étudie tous les endroits possibles pour la scène : dedans, dehors dans la pelouse, sur la terrasse en partie couverte ? Il nous demande notre avis mais c'est lui l'artiste, à lui de décider. Après quelques tergiversations vu le ciel encore menaçant, et pour l'acoustique aussi, il est décidé que ce sera mieux à l'intérieur. Avec Béa, on recompte la liste des invités, qui n'a cessé de s'allonger : dans le salon, mais où va-t-on tous les installer ? Bon, on verra... On va serrer les chaises, et les derniers seront debout, ou assis dans l'escalier, ou au balcon sur la mezzanine...

Thierry, puis Christelle et Patrick arrivés peu après, installent la scène et tout le matériel, c'est réjouissant de parler avec eux, de les voir se mettre aux instruments : piano, accordéon et violoncelle. Ils règlent le son : ça ne prend pas très longtemps, ils sont rodés ! On a quelques extraits de chansons, et ça nous met déjà dans l'ambiance, pendant qu'on installe les tables dehors, et les sièges à l'intérieur : la maison de Béa et Christian se transforme en salle de spectacle !

A mesure que l'après-midi s'avance et que l'heure approche, le ciel se dégage, et quand les premiers invités arrivent, le soleil est là pour les accueillir. C'est déjà joyeux pour commencer la soirée ! Tout le monde salue tout le monde en arrivant, qu'on se connaisse ou non on se connaît vite un peu, artistes et invités on est là pour la même chose, partager un heureux moment ensemble.

Les arrivées s'échelonnent, on attend encore du monde, et les premiers spectateurs commencent à s'installer, alors Guillaume se met au clavier et joue quelques morceaux pour faire patienter. Il ne joue que depuis 6 mois, et le toucher du piano est différent de son clavier, ce n'est pas encore très fluide, mais je le trouve relativement à l'aise, et le public est indulgent.


Presque tout le monde est là et le top départ est donné : Thierry fait son entrée d'un côté, Patrick et Christelle de l'autre, au fond du salon : le concert commence ! Je ne saurais plus vous dire ce que Thierry nous a raconté, car j'oublie presque tout au fur et à mesure, pourtant sur le coup j'adore, je trouve ça génial, je ris beaucoup, je me régale ! Mais enfin sachez qu'il a fait le pitre comme à son habitude, à coup de calembours et autres blagues et réparties toujours originales, souvent bien senties, écornant en vrac les politiques, les stars télévisuelles, les bien-pensants de tout poil, et pas mal d'idées reçues à dépoussiérer... tout ça pour introduire ses chansons aux textes riches de sens et de références diverses : n'espérez pas tout capter en une écoute, en tout cas moi j'ai du mal, mais ça doit être fait exprès, c'est pour qu'on y revienne, avec autant de plaisir et encore plus de curiosité ! Il nous raconte Georges qui « a quarante ans / depuis au moins quinze ans... » :

« Il cultive son jardin

Loin des soirées mondaines

Où l'on refait le monde en « vin »

Chacun pour soi même... »

La parodie est dans sa nature, comme le maïs est au champ, alors Thierry nous chante le « Larzac 2080 » :

« C'était le début d'une nouvelle ère,
Du plaisir, moins de gène,
Un baiser et puis tout s'éclaire :
Dans ce champ d'OGM,
De vie plantons une petite graine »


Il nous chante une « Supplique pour être brûlé, même sur la plage de Sète », ou l'hymne au cancres, la « Cancreillaise » :

« Allons z'enfants de la fratrie
Le jour du loir est arrivé
Contre nous de la tyrannie
Scolaire, l'étendard des cancres est levé ! »


Il fait sienne la devise qu'on peut rire de tout... l'humour étant « la seule façon d'assumer ses propres contradictions ». Il nous sert ainsi les siennes pour les dépasser, et nous amuser aussi, car la musique est étonnamment festive, même quand le texte est grave entre deux pointes d'humour, comme dans les « Pensées misanthro-philanthropiques d'un sage au printemps » :

« T'as pas cent balles à m'donner
Pour aller sur Mars ?
Mes sandales sont rognées,
Je suis dans l'impasse ,
Un challenger officiel
Pour aller dans le ciel.(...)

T'as pas cent balles à m'donner
Pour aller sur Mars ?
Dans le dédale d'mes idées,
J'ai plus de comparse.
Sur cette terre j'veux plus rien,
Je suis un Martien. »

Anarchiste humaniste utopiste, rêveur désabusé, il nous envoie quelques sentences à faire rire, sur place, et à emporter pour méditer, comme celle-ci (la préférée de Béa) : « Le vrai pouvoir, c'est de ne pas en avoir, et de ne pas le subir. »


Et la musique n'est pas en reste, festive, rythmée, joyeuse, puis soudain plus grave et mélancolique... Les mélodies, soignées, convaincantes, sont dues au talent de compositeur de Thierry et celui de Patrick pour tous les arrangements instrumentaux. L'interprétation, au violoncelle (Patrick Leroux), à l'accordéon (et voix, Christelle Vigneron), piano et voix (Thierry Lhuillier), est prenante, vibrante, expressive. Le trio a trouvé sa formule, entre chanson à la fois innovante et enracinée, aux influences multiples, et musique aux accents trad, jazz ou tziganes.

Bref, on est sous le charme et on ne voit pas le temps passer, alors quand Thierry annonce la dernière chanson, je me dis que c'est un gag : mais non, il y a un bon moment qu'ils jouent ! Enfin, on n'est pas chiche, alors il y aura quelques rappels, la « grêve de la fin »... avant de passer à table pour partager le buffet de tout ce que tous ont apporté.

On s'installe par petits groupes dans tout le jardin, la soirée est belle et on a plaisir à échanger ses impressions, entre amis et avec les artistes, c'est simple et vrai, on est joyeux d'être là, il y a un petit vent de bonheur sur tout ça...

La nuit s'avance et il fait un peu plus frais, mais on reste encore là, avec un pull sur les épaules et quelques bougies pour se voir... et pour Thierry car c'est son anniversaire ! Il se fiche de ce détail, mais il a l'air d'apprécier de passer la soirée avec nous... et c'est réciproque.

Dans l'ambiance conviviale de la soirée, soudain un bruit court, une idée lancée qui se propage : Ginette a quelque chose à nous montrer ! Je ne connais pas Ginette, et je ne comprends pas bien si c'est à dire ou à chanter, mais elle a besoin d'un rythme qui l'accompagne. Un ami guitariste s'improvise percussionniste, avec un plateau en métal, et Ginette commence : c'est un slam, un texte en rimes, long et scandé, interprété avec talent et sincérité, c'est le blues de la ménagère qui aspire à être autre chose que consommatrice, épouse ou voisine aux sages apparences, qui trouve la vie exaltante et révoltante, et l'écrit et le crie ! C'est bien écrit et bien dit, applaudissements nourris pour ce monologue incroyable, émouvant, qui nous épate, la découverte d'un vrai talent.

Peu à peu chacun va rentrer vers son chez soi, les familles avec enfants d'abord, les amis et la famille de Béa et Christian en dernier, aidant à ranger... Et les artistes aussi, restés un bon moment à partager avec nous cette tranche de vie, que pour notre part, on n'oubliera pas de si tôt !

Et au fait, les orages ? Et bien, on les attend toujours !

Je vous le dis, il y a un micro climat ici, ou bien le ciel était avec nous...


Cath

juin 2009


4 commentaires:

Réverbères a dit…

Merci pour ce partage ! Des moments comme ça, on n'en vit jamais assez !

Christian a dit…

Micro climat, micro phone, micro jardin plutôt que micro trottoir mais maxi plaisir.

Filleke a dit…

Ah, à moi aussi, il m'a bien plu, ce "micro climat"...

Merci Cath !

Anonyme a dit…

Il s'est passé autant de choses ce soir là ? ou est ce lié à l'imagination de Catherine ?

Je relis et constate que tout est vrai, rien n'y est exagéré.

C'était une vraie grande soirée, le nombre des spectateurs montre que l'idée plaît et qu'elle est à renouveler avec..... ou sans orage !!!

Merci à Catherine pour les photos et le texte si bien documenté et si bien tourné.

Béa