samedi 28 juillet 2007

Roses de Picardie


...De nouvelles roses : celles-ci sont de Picardie.


Aussi je ne résiste pas au plaisir... de vous y joindre la chanson :


De ses grands yeux de saphir clair
Aux reflets changeants de la mer,
Colinette regarde la route,
Va rêvant, tressaille, écoute.
Car au loin, dans le silence,
Monte un chant enivrant toujours ;
Tremblante, elle est sans défense
Devant ce premier chant d'amour :

« Des roses s'ouvrent en Picardie,
Essaimant leurs arômes si doux
Dès que revient l'avril attiédi,
Il n'en est de pareille à vous !
Nos chemins pourront être un jour écartés
Et les roses perdront leurs couleurs,
L'une, au moins gardera pour moi sa beauté,
C'est la fleur que j'enferme en mon cœur ! »

A jamais sur l'aile du temps,
Depuis lors ont fui les ans...
Mais il lit dans ses yeux la tendresse,
Ses mains n'ont que des caresses,
Colinette encor voit la route
Qui les a rapprochés un jour,
Quand monta vers son cœur en déroute
Cette ultime chanson d'amour :

« Des roses s'ouvrent en Picardie,
Essaimant leurs arômes si doux
Dès que revient l'avril attiédi,
Il n'en est de pareille à vous !
Nos chemins pourront être un jour écartés
Et les roses perdront leurs couleurs,
L'une, au moins gardera pour moi sa beauté,
C'est la fleur que j'enferme en mon cœur ! »



Belle histoire : écrite par Frederick Edward Weatherly et composée par Haydn Wood, (traduite en français par Pierre d'Amor), chantée par maints artistes depuis 1918, cette chanson est attribuée (à tort) à un officier anglais amoureux d'une veuve française durant la guerre...

Alors, légende ou réalité, laquelle retiendrez-vous ?


(Entre parenthèses, encore une démonstration de la difficulté de la rationalité : l'histoire qui fait rêver n'est-elle pas plus prompte à mémoriser que les faits réels ? A méditer.)

Roses de Picardie sur Wikipédia
Autre version de la chanson
Roses célèbres

Cath
juillet 2007

mercredi 25 juillet 2007

ROUGE COLERE


Recrutée parmi 40 candidats, confirmée après deux mois de période d'essai, une amie, assistante de direction, est virée à l'issue du troisième mois, pour d'obscures raisons de redéfinition de poste : remaniement pour rentabilité maximum sans doute. Elle cherche à comprendre... et à retravailler.
Victime de harcèlement pendant des mois, sans trouver d'aide si soutien de la hiérarchie, une amie-collègue, secrétaire, fait un infarctus à 50 ans. Souffrance, peur, un ressort cassé, et des mois pour s'en remettre.
Un ami, cadre depuis plusieurs années dans un grand groupe, préoccupé par le mal-être que lui confient les personnes qui travaillent avec lui et par la gestion de la société, l'évoque lors d'un entretien (non public) avec le DRH : accusé de dénigrement de l'entreprise, viré pour faute grave, sans préavis ni indemnité. Cassure, état de choc. Des mois pour se remonter, se reconstruire, croire à nouveau en soi et en l'avenir.

Et des exemples de précarité... je ne peux les citer tous tant j'en rencontre. Ils ne touchent pas qu'un public jeune, encore bohème, dans le provisoire d'une insertion professionnelle à construire. Non, la précarité gagne toutes les tranches d'âge, et les profils les plus variés : un ami qui écrit des articles pour un journal, félicité pour la qualité de son travail, est payé à la page, sans contrat ni statut.
Une jeune femme qui sort de galères, qui a trouvé un «emploi aidé» de standardiste, doit l'arrêter car tous frais déduits, elle gagne moins qu'en percevant le RMI.
Un ouvrier de 57 ans, au chômage ; trop jeune pour la retraite, trop vieux pour être réembauché.
Un jeune homme de 28 ans, horticulteur, salarié depuis 10 ans, apprécié dans son travail, est payé au SMIC. Il ne peut régler ses charges de logement et sa facture d'électricité. Quand il demande timidement une augmentation, pour le faire taire on lui montre la porte.

Ecoeurement, tristesse et révolte. Rouge colère !
Je ne peux pas accepter cette logique. Incompréhension.
Du moins, comprendre, on peut : analyser, expliquer. La logique économique, la concurrence, la rentabilité... Les êtres humains ne sont que des pions sur un grand échiquier !.. jusqu'au jour où les joueurs sont eux-mêmes virés, éjectés. Mais on les remplace, et la machine repart.
Mais se résigner ? non. Rouge colère... que le système bouffe les hommes ainsi. Car le système, ce sont les hommes aussi !
Ne pourraient-ils rester humains ?
Ne pourrait-on rester humain ?
Comment chacun, de sa place, peut-il refuser l'inacceptable ?
Tendre le poing ? Tendre la main, ne pas se taire. Ne pas rester tout seul. Parler. Discuter, dénoncer. Se battre, pour soi et pour les autres. Faire, penser, construire, agir. Ensemble.
Car malgré tout, j'ai du respect, infiniment, pour le travail. Faire un travail utile, ça peut être dur, fatigant, difficile... C'est constructif, c'est noble et beau. Humain. Et ce n'est pas ringard de le dire. Ou alors tant pis, je le dis quand même. C'est dur, d'en trouver, de le faire, d'y être et d'y rester... mais le travail, j'y crois. S'il est humain.
A nous de continuer à y croire, de demander et faire qu'il le soit.
Courage, mes amis, je suis avec vous. Solidaire.


CGP
Juillet 2007

Tableau : Les raboteurs de parquet, Gustave Caillebotte, 1875.

lundi 23 juillet 2007

Etang


Etends tes eaux calmes ô mon étang
Etang tes eaux calment mes attentes
Etends-toi taiseux au bord de l'étang
Tant d'eau calme apaise les tourments
Le temps repose autant qu'il te tourmente
Tant que le temps t'attend il t'entend
Ne tends pas autant à caler ton temps
Si calme l'étang le temps te sera lent
Apaise tes pas tout en allant
Ton âme sera en paix dans un moment.


Cath
juin-juillet 2007


A la lecture, cela paraît vraiment mélancolique... pourtant je ne le suis pas ! C'est juste un jeu avec les mots, et le plaisir de partager ces images d'eaux dormantes, si romantiques.



Une petite libellule qui s'est laissé approcher... coquette, pour montrer sa délicatesse.

lundi 16 juillet 2007

Plat pays


Accoutumée aux paysages de bocage, verts pâturages, haies et forêts, dans une région vallonnée de monts et collines, j'ai du mal à apprécier l'openfield, ces horizons aux arbres rares, ces champs cultivés rectilignes à perte de vue...


Comme il est plat ce pays du nord ! Au premier abord le regard s'y perd, l'esprit s'y désole : où qu'on tourne la tête on voit tout, c'est-à-dire rien. Aucun mystère semble-t-il, rien de caché, tout est découvert, étalé, horizontal.


A peine si quelques arbres ou un clocher ici ou là viennent rappeler que la verticalité existe. Qu'on peut s'élever.

Mais ce n'est qu'apparence.


Car cette région des milliers de fois labourée a été aussi cent fois retournée, saccagée, ravagée au fil des siècles par les envahisseurs de tous horizons.
Elle s'est relevée comme elle a pu, de tant de peines et de souffrances. Courageusement, dignement.
Et sous ces étendues cultivées, à la technique irréprochable, que l'on dirait sans âme, gisent les blessures de l'Histoire, à peine cicatrisées. C'est la grandeur de cette terre, son secret sacré, le repos de milliers d'âmes fauchées sans compter...


Ses habitants vivent avec tout ça, et vont de l'avant, plus que jamais, plus que d'autres peut-être : agriculture intensive, industrie, services, technologies de pointe... Rien n'est laissé au hasard, leur sérieux impressionne.


Moins graves, plus riants, d'autres secrets s'y révèlent : des trésors à y voir, pour le visiteur qui prend le temps.


Côte picarde et ses plages interminables,


méandres verts de la Somme capricieuse,


cathédrale tout simplement géante,


quartiers vénitiens d'Amiens...


Cette région me retient et m'attache : c'est aussi la terre d'origine de ma famille, le berceau de mes aïeux. J'ai aimé la découvrir un peu mieux.



Cath
juillet 2007

vendredi 6 juillet 2007

Réverbères


Aux vulgaires et ordinaires lampadaires qui nous éclairent, juste utilitaires, (que d'«air»!), je préfère les réverbères (autre «ère» !), plus sympathiques et esthétiques (mais pas toc).


Grâce à eux les rues de nos villes ne sont plus de sombres boyaux coupe-gorge, mais des passages aux balises rassurantes, éclairés quand la nuit tombe.


On ne pense pas toujours à lever les yeux pour les remarquer.


Pourtant on peut en faire une vraie collection !


Ils sont de tous les styles, plus ou moins heureux.


Classiques ou modernes, leur diversité fait leur charme.


Mon ami Réverbères a bien trouvé son nom, clin d'oeil à sa chanson «Allumeur de réverbères».


Comme un faiseur de lucioles dans la ville, il sème ses éclairages ici et là, le long des chemins, trace une route, marque une place...


Certains itinéraires peuvent passer par des coins sombres... Mais au détour d'une rue on retrouve la lumière, jamais bien loin.




Photos : Lunéville, Luxembourg, Nancy.
CGP 2007

mercredi 4 juillet 2007

Nez en l'air


Le nez en l'air
Les yeux tournés vers le ciel
Puisque dans l'azur ils volent
Et que nous rampons au sol...


Ma fascination pour les cieux
L'horizon les nuances de l'azur
Me porte à suivre ceux
Qui s'élancent dans l'air pur !


Voler, planer, s'élever
Comme un oiseau comme un papillon
Au-dessus du sol décoller
D'un coup d'aile d'un coup d'avion


De là-haut être un géant
Caresser les collines et océans
Oublier conflits et peines
La terre vue d'ici est si sereine


Au-dessus des nuages
Laisser en bas les orages
Oublier rêver tourner la page
Et approcher le soleil


Figures éphémères dans le ciel d'été
Vous m'avez fait entrevoir des merveilles
Définitivement j'adore voler
Ah oui vous l'aviez deviné ?



Photos : CGP, meeting Ochey 1 07 2007

lundi 2 juillet 2007

Roses


J'ai pour les roses un amour ambivalent.
Comme chacun je pense, j'ai une admiration spontanée, vive et sincère, devant leur beauté évidente. Que n'a-t-on écrit sur la tendresse qu'elles inspirent, par leur éclat, leur couleur, la fragilité de leurs pétales soyeux, le raffinement de leur parfum, la fraîcheur de leurs boutons, la magie de leur éclosion, la sensualité de leur air alangui...


Mais justement. Trop dit trop écrit. Trop lu trop vu trop entendu. Je ne peux plus en regarder une sans arrière-pensée, sans ce poids des mots, des images, des symboles. Toute la peinture classique, toute la littérature courtoise pèse sur ces pauvres pétales. Pas étonnant qu'ils fanent si vite !


Et puis, étant jeune, j'ai eu une période d'indifférence. Le rejet de tant d'acclamations sur tous les tons, sûrement. C'est une fleur de vieux, au style démodé...


Mais les années passent. Je vieillis sans doute. Car voilà que j'y suis sensible à nouveau, que leur beauté insolente, qui m'agaçait presque, m'accroche et me retient. Je me laisse attendrir par leurs couleurs, leur aspect, leur douceur, leur parfum... Et leur diversité. Je comprends qu'on les aime, qu'on les crée, qu'on les collectionne, qu'on s'en passionne. Ils me semble qu'elles sont toutes uniques. Que chacune vaut le détour, les petits soins, la photo.


Et puis... (rien à voir avec tout ce que j'ai écrit plus haut), les roses c'est aussi l'amour ou l'amitié, l'affection : celles-ci sont pour Joëlle. Et une pensée pour Serge et ses enfants.



Photos : CGP, roseraie d'Epinal, 30 juin 2007.


Pour en voir d'autres :
Galerie de roses, Wikipédia